2022 : Eté très chaud et très sec
Cet article pour vous parler du sujet de la sécheresse sur notre ferme sous l'angle du réel bien sûr mais surtout de nos initiatives encourageantes.
La sécheresse est bien là
Les photos ci-dessus ont été prises sur notre ferme la semaine dernière, avant le 15 août. Ce sont nos prairies ! Les vertes prairies du printemps... Aujourd'hui de couleur ocre, sèches, peu garnies... désolation et rien à manger de ce côté-là pour les animaux. Vous avez vu de tels clichés partout ces dernières semaines dans les médias.
Mais dans ce paysage tout sec alentours comme en 2020, 2018, 2006, 2003, etc, quelques-uns de nos champs sont verts et nos animaux se régalent d'un peu de nourriture fraiche ! Comment est-ce possible ? Certaines de nos pratiques novatrices dans la mise en place d'un agro-écosystème autonome et résilient portent du fruit. Rien ne dit que ce sera suffisant dans 10 ou 20 ans... mais pour l'instant, ces choix faits il y a une vingtaine d'années nous apportent quelques marges de manœuvre... malgré une sécheresse très forte.
Deux exemples expliqués ci-dessous.
La luzerne, très résistante à la sécheresse et aux fortes températures
Comme vous le savez déjà, la culture de la luzerne constitue la base de l'autonomie alimentaire en protéines (aucun achat de tourteau de soja ni de colza) pour la nourriture de nos animaux. Cette légumineuse contribue également à notre autonomie totale en engrais azotés de synthèse. La luzerne est une plante extraordinaire qui, en plus de fournir des protéines de qualité et de capter l'azote de l'air pour pousser toute seule (tout en le partageant avec les plantes voisines), développe un système racinaire profond. Celui-ci lui permet de continuer à pousser en allant puiser humidité et nutriments à 1 mètre et plus sous terre. Elle est donc capable de pousser dans des conditions sèches et chaudes au-dessus de 30 C°.
Quand la pâture des prairies ordinaires suffit, nous utilisons nos 24 hectares de luzerne pour constituer des stocks hivernaux mais cette année, nous avons décidé de faire pâturer la 3ème coupe bien verte et riche. Nous avions récolté deux coupes auparavant (en mai et juillet) qui sont stockées pour l'hiver mais dans lesquelles nous puisons déjà car cette pâture, associée à celle des betteraves (voir ci-dessous) ne suffit pas. C'est chouette que de la verdure soit encore présente dans le menu quotidien de nos animaux en cet été caniculaire. Nous nous en réjouissons pour eux car ce vert leur fait du bien.
Merci chère luzerne et que la recherche scientifique, qui l'a délaissée pendant 40 ans et le reconnaît, remette une priorité sur cette plante !
Les betteraves fourragères, plantées fin avril et pâturées dès la mi-août
Faire pâturer des betteraves fourragères, mais quelle drôle d'idée ! Cela fait partie de nos innovations depuis quelques années. Dans l'ordre de g à d : 1/ le champ de betteraves au premier plan ; 2/ les vaches se régalant vers 11 h chaque matin ; 3/ les betteraves d'une variété semi-enterrée sont d'une bonne taille mais ont cessé de grossir car le sol est sec. Dès qu'il va pleuvoir, elles vont reprendre leur croissance. 4, 5 et 6/ laissons les vaches s'expliquer sur la méthode pour pâturer :
D'abord je tire sur les feuilles afin de déterrer la betterave puis je mange les feuilles, je grignote la betterave petit à petit. Que c'est frais, que c'est bon ! Cela m'apporte énergie et sucres !
7/ Après le passage du troupeau c'est une plage : aucun résidu ! La dernière photographie a été prise en juin : magnifiques betteraves bio, super propres. Ce succès pour les vaches laitières depuis trois ans sera mis en place l'an prochain pour les génisses viande également.